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APOTHEOSE

 

 

Les amis des livres

Sont mes amis.

Si je me sers de vous

Pour philosopher, c’est

Parce que vous êtes un miroir

Dans lequel

Je vois les idées.

 

Les amis du progrès

Sont mes amis. Vous aussi,

Si je me sers de votre portrait

Pour remplir ma chambre, c’est

Parce que vous êtes la lumière

Dans laquelle je vois l’excellence.

 

 La vie et la mort

Sont deux amis.

L’amour aussi.

Ils ont les mêmes sources.

Les mêmes sentiments

Les ont fabriqués.

Après une si joyeuse acceptation d’aimer

En séjournant sur cette terre,

La mort est aussi grande

Que la vie.

 

Vivre pour rien, ou pour personne

C’est la mort de l’âme.

 L’inspiration de chacun

Est constamment enrichie

Des apports de l’autre

A partir des souvenirs

Qui se réactivent et se redéployent

Dans une aventure

Comme un élément nouveau.

La création définit l’homme,

L’idée de créer est habitée

Par les millénaires

De l’aventure humaine.

De l’Afrique  à l’Asie. De

L’antiquité au Moyen Age

Nous ont permis de nous familiariser

Avec histoire de l’observation

Et de l’étude de l’homme par l’homme.

Ces réflexions, ces échanges, ces rencontres

Portées par des siècles de civilisation

D’un bout à l’autre du continent.

Avec la Renaissance,

L’explosion culturelle

Est entrée en résonance,

Faisant progressivement émerger

Des héritages, des identités,

La puissance, la possession.

A travers l’implosion des cultures,

Avec l’intellectualisme,

Le technicisme et le scientisme,

Les mémoires, les imaginaires,

Les réflexions s’entrelacent.

Des réflexions se sont croisées

Pour tisser le centre du monde.

Un centre soucieux de sa gloire

Et de son triomphalisme.

Qu’il s’agisse de la possession d’esclaves,

De la propriété terrienne,

Ou de la gestion du capital.

Il n’est d’acte ni de propos qui vaille

Au-delà de sa suprême mission

D’avoir la maîtrise des moyens de coercition.

Militaire, conquérant, marteau

Enclume, geôlier ou prisonnier. 

Le monopole d’un « savoir » au service

De ceux qui adoptent les références,

Les récurrences jusqu’aux inflexions

De l’interprétation des traditions.

Tel hommage devient un support

Garantissant la domination d’une technocratie. 

 

 

Chacun a sa liberté nichée quelque part au plus fond de lui-même. C’est la seule certitude lorsque le stress se fait sentir. La liberté des regards, la liberté figurative, la liberté des mots. Elles donnent des formes à ce que trop souvent, la vie quotidienne, n’arrive pas à formuler.

   Les mots étaient déjà ce que pensaient les sophistes à l’encontre de Platon et d’Aristote. Mais ce détournement n’est pas nouveau. Les mots parfois  ne touchent en rien. Ils n’ont qu’une fonction ; permettre d’appréhender le monde par la pensée et l’impression. Le malheur est que cette pratique est faite aux hommes par les hommes. C’est ainsi qu’à des pratiques éprouvées, on substitue un scientisme qui aboutit à un idéalisme défini comme somme de faits constatés, de relations entre ces faits observables et mesurables. La science doit s’en tenir là.  Empêchant tout retour à une recherche  et des fins qui caractérisent l’âge théologique de l’humanité, qui s’étend des origines au XIIIe siècle. L’âge métaphysique va du XIVe siècle au XVIIIe siècle ; période critique de l’humanité, qu’il appelle « La révolution occidentale » et qui culmine avec la révolution française. Le  sens du progrès, «  celui de la science » des faits, des lois et des mesures  appliqués à la nature et qui absorbe dans une sociologie l’homme dans tous ses parcours. Il constitue une fin de l’histoire scellée par une  démonstration «  scientifique » définitive.

L’homme et la société ne sont pas des créations de la pensée, ils en sont la source, l’instrument. Compte tenu de sa complexité, la pensée n’a pas suffisamment de mots pour se formaliser. Par conséquent, elle trouve sa force dans la réalité concrète des structures et des activités de la société en tenant compte des activités d’ordre pratique qui s’y rattachent.

  Certes, la multitude de la croyance  aussi bien que superstitieuse ou  sectaire, dont la destinée du monde est à l’origine  et auxquels se sont ajoutés des concepts, derrières lesquels nous avons certaines habitudes de penser, nous sommes devenus, dans la plupart des cas l’ardent promoteur de ces idées toutes faites auxquelles nous avons adhéré.

Le faux, le vrai, le reçu et le donné, le passif et l’actif, tout s’enchevêtre en nous.  Nous sommes devant la plus vaste des questions, aucun d’entre nous ne veut commencer à se jeter à l’eau. Vu la personnalisation de l’offre de sciences humaines et le coefficient multiplicateur appliqué à la philosophie, une étude théorique est nécessaire. Les éclaircissements apportés à ce sujet et les brillantes avancées de la sociologie, de l’anthropologie de la psychologie ont incité à la production de travaux pour gérer la profusion qui produit parfois la confusion.  

   Une course contre la montre est engagée par les historiens pour orienter et ordonner le monde dans le présent. Ils classent les choses, ils les ordonnent selon une axiologie qui diffère d’un groupe à l’autre. Suite à la polémique suscitée par les grilles de taxinomie, ils ne concourent pas tous au même stratagème.

Les églises, les politiques, ainsi que les différents groupes syndicaux ou d’autres sectes observent différemment les obligations qu’ils prescrivent. Soucieux de défendre à la fois leurs prérogatives et l’ordre établit. Ils n’en disconviennent pas, mais entendent faire respecter la taxinomie dont ils ont la charge. Donc, on se retrouve de plein pied au contact des antécédents historiques jonchés de secrets symboliques qui pèsent lourd, par lesquels on est conduit à se trouver (soi-même) ou à se perdre. Tradition oblige, mais nous sommes mal préparés à affronter le futur. Tous ces arrière-plans épiphaniques que l’écriture révèle sont guettés par de multiples écueils. D’un moment à l’autre vont se fourvoyer.

 

« Le premier pas vers la connaissance commence avec la remise en cause des idées reçues » affirmait le philosophe et généticien Albert jacquard.

 La connaissance, donne naissance au besoin de la démonstration et de la persuasion, non pas à la croyance ni à la révélation.

 

L’idée de représentation en tant que notion fondatrice de la théorie de la connaissance remonte jusqu’à Aristote et repose dès son origine sur la double métaphore du théâtre et de la diplomatie.

Ce concept philosophique fait sa grande  entrée sur la scène de la pensée occidentale au début du XIXème siècle avec la réflexion de Schopenhauer sur les manières dont l’homme reconstruit le monde[1].  La représentation est alors envisagée sous deux aspects qui reflètent les deux façons dont l’homme a conscience d’explorer le monde : le monde sensible et le monde intellectuel.

Malgré la tentative des phénoménologues de fonder un rapport entre la conscience et les phénomènes relatifs au concept d’intentionnalité la notion de représentation est restée le fondement (implicite ou explicite) de la science moderne.

 

   Le monde était passé sans qu’on s’en aperçut pendant un siècle. Le déroulement d’un monde dont on avait cru que les réponses étaient formulées avant les questions, du fait que tout est posé et prévu à l’intérieur de la croyance, aucun degré ne pouvait être établit dans cette échelle invraisemblable. La  loi était celle d’un progrès sans fin, à un monde dominé par la loi de l’entropie, n’ a donc besoin d’aucune preuve. Le temps a passé, et de l’ensemble des communications et des débats, les idées «  fortes » ont émergé, sonnant le moment de la mise en question du choix. La notion même de politique, son sens plein embrassant tout les aspects de la vie du travail à la fête, du sexe à la culture.

A cet égard, le XXème siècle a été un moment décisif  de l’histoire. Il commence en 1914 par une guerre mondiale, et se poursuit ensuite la Shoah. De nombreux courants politiques ont vu le jour : les communistes, les fascistes, le grand capital et la social démocratie.

   En ce temps là, chaque groupe par sa « dimension sociale » fut d’autant plus parfait que l’ autre, prétendait incarner le bien contre le mal et était aux prises avec des contradictions plus profondes encore,  dues à de nombreuses erreurs.  Dans ce paradoxe, la dérive est redoutable, comme disait Trotski : « Le parti parle au nom de la classe, puis l’appareil au nom du parti, les dirigeants au nom de l’appareil et, finalement, un seul parlera et pensera au nom de tous ».

       Ces erreurs  menèrent à des horreurs jamais vues, armes d’apocalypse, de goulag, de camps d’extermination. D’immenses espoirs furent déçus.  De tous ces mouvements, communiste, de libération nationale, d’unité des nations, écologique, qui concernent un grand nombre d’êtres humains et qui plus est, a remis en cause les structures de nos sociétés qui existent depuis 6000 ans ; le mouvement des femmes, l’égalité des femmes avec les hommes, même si le combat est loin d’être gagné. La  honte du viol une fois pour toute, ne retombe pas sur la victime mais sur le coupable. La libération sexuelle, les femmes ont choisi d’être mères volontairement. Et ont pu se libérer désormais de l’angoisse de la maternité involontaire.

     

Le XXème siècle a également vu l’émergence des pays du sud, des révolutions techniques et scientifiques inouïes.

    

 

ART

 

L’engouffrement de l’art dans cette situation incertaine est aussi immédiat que la portée de la contestation des travailleurs contre les décisions arbitraires qui les frappent. La décision picturale de l’artiste devant toutes ces incertitudes ne peut être dictée ou imposée par quiconque. Il se redéfinit en construisant ses propres critères avec tous les détails qui l’entourent. Il recompose quelque chose de rationnel. Il cherche délibérément l’avenir dans les lignes du présent en tant que moyen formel dans lequel les dimensions du drame sont celles du monde.

 

Par la diversité de ses origines, par ses difficultés objectives et les problèmes qui lui furent posés, l’art objecte, informe et vulgarise. L’artiste joue le rôle de passeur de dernier ressort sous l’égide  de l’histoire qui place le monde moderne sous le signe d’un triangle magique refermé sur la Mésopotamie, l’Egypte des pharaons et la Grèce antique. Il jongle avec les siècles, entre l’histoire comme elle va et l’art comme il se veut. La légende qu’il incarne donne forme au discours pictural et impose la marque du sujet dans ses créations qui n’ont de valeur que par leur historicité.

 

 

LIBERTE ET CREATIVITE

 

  L’imagination n’a pas de frontières. Répertorier une  multitude de faits sur des phénomènes culturels et  ceux des nations, jusqu’aux plus obscurs, c’est l’un des éléments constitutifs de la philosophie qui ordonne le monde. Il s’agit ensuite de classer ces références, puis de travailler sur ces définitions. Il est impossible de ne pas apercevoir dans ces listes d’extravagances, un «  Dieu » un « prophète » un « oracle » un Roi ou une Reine, que sais-je encore. Presque tous les peuples ont vécu selon ces «  paroles », paroles floues, d’un obscurantisme exacerbé, qui depuis longtemps, depuis toujours, ont  besoin de traduction.

  

Avant d’aller plus loin, il convient de comprendre ce discours d’accueil de madame Carrère d’Encausse en l’honneur du Cardinal et Archevêque de Paris, Monseigneur Lustiger lors de sa réception à l’Académie française.

« En devenant chrétien vous n’avez jamais cessé d’être juif… le Christ, rappelez-vous, est né à Bethléem en Judée…Le Christ n’est pas né là par hasard, dites-vous ; il ne pouvait être né ni chinois, ni enfant d’Afrique. Le Messie n’est le Messie que parce qu’il vient du peuple élu par Dieu. »

  En se bornant à n’exposer que ce que Dieu disait en son temps à propos de l’avenir, sans préciser si c’est une femme ou un homme, ni ce qu’il penserait de notre temps et de notre avenir, il reste que son existence présente des difficultés particulières pour de multiples raisons. Nous sommes enfermés dans les limbes des idées interprétatives où chaque culture introduit des notions de la perception de Dieu  ou d’une Idole extrinsèque ou intrinsèque.

Les idées extrinsèques tiennent à la conception européenne de la culture et des idéologies qui, depuis longtemps, depuis toujours, jouaient un rôle important dans la vie politique, qu’il s’agisse par exemple de l’Europe de la chrétienté, de l’âge des Lumières et de la Révolution française, du siècle des nationalismes ou du marxisme et de la Révolution d’octobre. Celles-ci représentent un ensemble complexe où s’affrontent plusieurs forces. Aujourd’hui, on ne peut pas compter le nombre de personnes qui sont instruites dans cette doctrine. Qui a tort ou raison, qui s’appelle chrétien, marxiste ou nationaliste ? L’origine de tout ceci tient au fait du recoupement possible avec des textes extérieurs (Assyriens) datant du IXème siècle ou des scribes de Salomon, héritier de l’empire légendaire et éphémère de David. Les scribes mirent par écrit ces légendes  en leur donnant à la fois la consistance de l’histoire et de la doctrine. Une certaine interprétation orale de cette doctrine traditionnelle retrace la légende ancestrale de ces peuples constitués en tribus.

 

Le président Iranien Ahmadinejad annonçait au cours de ses deux mandats successifs le retour du douzième Imam, de l’  « Imam  caché », un chiite qui se dissimula dans un puits à l’âge de 9 ans, et qui disparut de la vue des hommes. Cela se passait à la fin du XVème siècle de notre ère. Ils sont nombreux à attendre, les fanatiques, qui ont espéré son retour.  

  C’est en Amérique que l’accent pourrait être mis sur certains événements qui présentent un caractère spectaculaire n’ayant aucune valeur scientifique pour le sens commun, mais n’en correspondant pas moins strictement à la définition de son patrimoine. Pourtant l’Amérique, encore inconnue, ne figurait pas sur la liste des croyants de la tour de Babel, au commencement des temps, au bon vieux temps du paradis.

   Des milliers de mormons aux Etats-Unis continuent d’affirmer à haute voix que leur vénéré prophète Joseph Smith fut visité par un ange, lequel lui confia  des tablettes en or rédigées en pseudo-égyptien par un prophète juif qui avait vécu en Amérique. L’autre composante ce sont les hommes d’Etat, sans cesse, à se référer aux dix commandements et à se fier encore à la Bible pour le récit de la création du monde.

  Dans le cas des Témoins de Jéhovah, la coupe est pleine, c’est une menace permanente. Ce qui frappe, c’est l’emballement progressif à partir d’un «  signe » qui paraissait une mesure évidente, pour échapper au déluge de l’enfer qui nous guette. Ils répètent sans cesse,  « Nous devons nous préparer, les derniers temps sont venus ». Ils ont œuvré à la règle de vie de leurs membres  en interdisant à leurs adeptes toute transfusion de sang.

 Partout où il y a des sectes, elles sont intransigeantes.  Elles séparent le dedans et le dehors. Entre les membres affiliés et ceux qui ne le sont pas, de l’exploitation et de l’oppression et n’acceptent aucun compromis.

 

 Nous préférons une croyance humaine, celle du progrès dans la liberté et la solidarité ; celle capable de conduire l’humanité à son unité et à l’épanouissement  intégral de toutes ses facultés.

 

 

Dieu, Dieu …Dieu.

    Dans ce carnaval d’interprétations de Dieu, toutes plus vastes les unes que les autres, avec un racisme qui ne soulève aucun débat, au nom de ses origines, cet enseignement fondamental sur l’universalité de Jésus, il ne suffit pas de recueillir les explications strictement intellectuelles puisées dans les manuels. Nous pensons que la reconnaissance de Dieu, c’est dire que le plus profond de soi-même est identique aux forces de la nature et de cet univers total que, depuis des millénaires tous les hommes et les femmes ont appelé Dieu.

 

     Il n’y a cependant aucun critère qui nous autorise à mettre en parallèle les réalités de Dieu pour l’Occident et pour les autres. Pour ma part, je n’ai aucunement la prétention de créer une secte, ni une Bible, voire même une idéologie. Je ne suis pas prêtre, ni protestant, ni musulman. Je ne chercherai pas non plus une interprétation suprêmement intelligente du prophète.

On trouve les interprétations subtiles dans les catéchismes que tout le monde interprète selon ses prérogatives au nom desquelles il est élu et que d’autres sont exclus. Qu’on soit Juif ou Noir, africain, chinois ou maghrébin, l’on est avant tout fils de l’homme, du nom le plus beau. Le Christ, fils de Dieu que l’on ne connaît pas, tout comme l’avenir de l’humanité dont certains se réclament. Ce n’est ni Blanc d’aujourd’hui, ni Jaune de demain, ni  Noir d’après-demain, mais l’excellence dont chacun de nous est capable et vers laquelle chacun tente de s’élever.

 

Mais la question fondamentale de toute sociologie historique pourrait se formuler de la manière suivante : y a-t-il une personne qui peut se prévaloir d’être en contact direct avec Dieu ? Jamais entendu parler. Les hommes, depuis longtemps, depuis toujours sont obligés de s’en remettre à des intermédiaires, des prophètes qui ont prétendu connaître le dessein divin tels que Jésus, Bouddha, Moïse, Mohammed…

Les principes qu’ils ont apportés permettent le regroupement des explications partielles de leur temps sans représenter une explication intersubjective qui engloberait l’avenir et des situations historiques nouvelles. Du point de vue de ceux qui pensent que l’humanité peut prendre en main son propre destin, il s’agit de changements historiques qui correspondent à de nouvelles exigences qui ont amené les peuples à des formes d’organisations naturelles, non surnaturelles.

 

 La tutelle religieuse sous laquelle vivaient et vivent encore parfois les hommes ne nous dispense en aucune manière de la responsabilité de résoudre à partir de leurs principes, les problèmes actuels.

 

Ce miroir qu’ils nous tendent,

Peut-on se réjouir de l’image que l’on y voit ?

 

L’image, n’importe laquelle,

Est un motif sommital

Forgé ou recueilli généralement,

Un objet de vénération

Qui rattache notre présent

A un passé légendaire.

Une figure ancestrale,

Pourquoi pas Jésus, Ali ou Mahomet

Ou bien une femme qu’on aime.

Un principe librement

Interprété par chacun d’entre nous.

Prendre comme objet d’étude

Un poète ou un philosophe

N’empêche pas d’assumer pleinement

Notre responsabilité à l’avenir

Et l’authenticité de notre destin.

Ce qui caractérise l’image

Voire même une catastrophe

C’est lorsqu’elle est dépouillée,

Déguisée en habit de Cour

Qui ne lui permet pas d’être créatrice

De sa propre histoire

Mais la maintient dans une situation

De royauté et de divinité

Pour réaliser l’histoire

De quelqu’un d’autre…

Il est bien fini

Le temps des prêtres et des rois.

L’esprit positif doit vivre

Avec son temps.

 

 

Venons-en maintenant au continent Africain. Il ne s’agit pas de redécouvrir mais de rappeler un monde qui demeure avec tant de dimensions secrètes,  qui depuis le XVème siècle jusqu'à nos jours est victime d’un trio d’écritures et de textes qui constituent le socle de ses tragédies :

      La Bulle papale du 8 janvier 1454.

      Le Code Noir du Roi Soleil, Louis XIV de 1685.

      L’acte de conférence africaine de Berlin de 1885.

 

 

 

LES TEXTES ET LES LOIS

 

      «  Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion catholique  apostolique romaine. Enjoignons aux habitants qui achèterons des nègres nouvellement arrivés d’en avertir les gouverneurs et intendants des dites îles dans huitaine aux plus tard, à peine d’amende arbitraire ; lesquels donneront les ordres nécessaires pour les faire instruire et baptiser dans le temps convenable »…

                                Le  Code Noir ;

  En tout état de cause (droit d’ainesse oblige) c’est la France fille aînée de l’église qui va se charger d’articuler en soixante articles, la volonté du Pape dans un recueil juridique s ‘accompagnant de règles de vie que nous pouvons sans doute appeler criminelles. S’appuyant sur une aberrante législation « Le Code Noir ».

       «  Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-là ».

                                                                         Victor Hugo

  Dans la foulée des convoitises, on peut se souvenir de cette date du 8 janvier 1454, car tout s’oublie vite. C’est le jour où le noyau solide  de cette Europe est constitué, sous l’égide d’un Pontife Romain, successeur de Saint Pierre  et Vicaire de Jésus-Christ se réserve le droit  au nom de sa foi chrétienne. Simple à dire, pas si simple à comprendre, et encore moins à admettre, lorsqu’un Pape portant un regard sur la richesse d’un continent, réduit à l’esclavage ceux  qui y vivent, au nom de la religion. Le Pape Nicolas V, alias, Tomaso Parentucelli commandeur des chrétiens, exhorte les Européens à pratiquer l’esclavage,  l’asservissement et la déportation des Africains.

   L’Europe se lance à la conquête du monde. Ils y sont tous. Les pionniers : Portugal et Espagne. Les anciens maîtres des grands empires : Angleterre, France, Belgique, Hollande. Les tard venus : Allemagne et Italie.

               Le champ est libre, la voie est retracée à partir d’une croyance. Cette croyance est la décision des Rois et  des Princes catholiques, munis de tous leurs privilèges qui seront habilités à poursuivre une œuvre si « salutaire et si louable ».

 

Les africains observent sans état d’âme d’une part, les discours des Blancs sur eux, d’autre part, les idées qui s’entremêlent en essayant d’en démêler l’écheveau.  

Une Afrique dite Blanche au Nord dont les langues principales sont le français et l’arabe. Une Afrique Noire située au Sud du Sahara qui, hormis ses langues authentiques, a officiellement adopté celles des colonisateurs anglais, français ou portugais.

Chaque nation joue habilement sur les mots pour mieux revendiquer l’héritage religieux de la chrétienté : « Gesta dei per francos » (« c’est par les français que Dieu accompli son œuvre ») « Gott mit Uns » chantent les allemands. « Rolls series » sur les origines de l’Angleterre… L’inquiétude ce n’est pas ce qu’ils écrivent eux-mêmes, mais ce que d’autres personnes s’autorisent à dire en fonction d’eux. En fait, plus l’ascendance divine est affichée, plus elle est encline à consolider un état d’obscurantisme. Les bougies s’allument uniquement pour leur classe et leur foi, sans préciser l’objet de cette foi. Désormais, il a fallu une statue sur son socle pour symboliser l’esprit des conquêtes. L’obscénité et l’inégalité prennent le relais de la justice et de la liberté. Un dogme s’est constitué, si farouchement défendu par le chef de l’église catholique, justifiant l’ordre établi par le colon.

 

On pourrait multiplier les exemples qui accompagnent les discours et les institutions qui sont compromises dans leurs valeurs, leur probité, leur vision. Ce qui laisse le champ libre à l’ennui, c’est justement ce brouillard que le nationaliste, le fondamentaliste et les communautaristes tiennent pour argent comptant.     

 

C’est la lâcheté de l’un, qui encourage la méchanceté des autres. C’est ainsi que la révolte devient admirable. La carence d’une opposition conforte toutes ces illusions solidement établies et organisées par toutes les sectes. La diffusion d’une croyance s’accompagne presque toujours, à des degrés divers, dans presque tous les domaines, politique, social, etc. C’est le fondement même de l’immobilisme. Il ne saurait bouger d’un iota.

  Cette remarque souligne le ridicule à affubler un pays du nom de pays anglophone  francophone, flamand, espagnol, que sais-je encore, alors, 9% à 10% de ces populations comprennent ces langues. Il s’agit du reste d’une tragédie et non d’une simple farce, car cette politique revient à  ne considérer que ces 10 %  de la population et ignorer l’immense majorité du peuple. Il s’agit là de la manifestation la plus cynique de la ligne d’élite.

    La langue d’un peuple fait partie de sa personnalité et constitue un élément actif de son identité.

 

 Elle  situe mieux que tout autre acquis du peuple, la structure, les nuances, et le niveau du développement de sa pensée, que ce soit en Grèce, en Egypte, dans l’empire Romain ou dans la royauté française.

Pour ne pas retarder la marche ascendante de l’histoire lorsqu’elle est remise en question, les prêtres, les rois et tous les puissants ont eu recours à ce stratagème pour légitimer leur pouvoir et leur statut. Il en fut parfois ainsi lors des conquêtes, quitte à rebaptiser tout bonnement les lieux et les monuments. Les vaincus n’ayant plus droit à un nom, ni à leurs Dieux, à leur langue, ni à leurs ancêtres. La plupart des villes, des lieux et des peuples ont vu leurs origines fondées dans le brouillard des souvenirs.

Les prodigieuses chevauchées et les victoires des empires des steppes furent les victoires des cavaliers sur le fantassin ou de l’épée de fer sur l’épée de bronze. Le triomphe des Romains sur la Grèce, la conquête des portugais et des espagnols détruisant les civilisations antérieures de l’Amérique en sont des exemples.

Le passé, comme le présent sont troués de zones d’ombres que nous tentons de repriser à l’aide d’une vérité euphorique. Une vérité qui nous rassure et nous rend intelligible l’incompréhensible. Elle s’entremêle de connaissances et de fantasmes. Là encore nous avons besoin de dessiner des repères, de créer des systèmes logiques, rationnels, infaillibles qui nous aident à reprendre une position, un cap à tout moment perturbés.

 

 

CULTURE  et  MYTHE

 

La légende représente un dialogue permanent entre l’histoire et le mythe. Elle impose des besoins nouveaux à l’ensemble des participants d’une société dont chacun a sa sève propre. Par laquelle chacun se libèrerait d’un dogme culturel, et dans cet élan, un art est né, se fondant dans une esthétique nouvelle.

      

Les familiers du monde clos des professionnels de la culture et des experts de la politique se sont accordés pour  exercer leur droit de reprise sur ces outils selon les fluctuations internes ou externes. Comme une récupération, appuyée sur la culture d’un passé lointain, pour faire émerger la création dans une autre dimension.

La comédie a été inventée en Grèce  par Aristophane pendant la guerre du Péloponnèse. Plaute apparaît dans une Rome militaire avec le jeu sanglant des cirques. Au Moyen-Age, « les farces », les « soties », accompagnent des châtiments publics, dépeçages d’hommes et de femmes vivants, et tout cela en temps de peste ou de  guerres  interminables. La « comédia » espagnole, la comédie shakespearienne, la comédie de Molière sont-elles séparables des meurtres et de l’oppression sociale ?

   Les récits mythiques ont toujours inspiré les artistes contre l’insolence inculte des rites, et aux exigences des croyances imposées. Il serait d’ailleurs passionnant de voir aujourd’hui  comment le mythe critique se cristallise autour de manifestations qui apparemment, réduisent l’homme  à l’état mécanique.

   

En à peine plus d’une décennie, la culture GEEK est relayée par les élites monétaires d’Hollywood, de Dakar à Paris ou à Casa Blanca, par les cinémas, les télévisions. Une créativité qui suscite une telle prolifération de légendes, de choses ou de figures manipulées, toujours plaisantes, et qui attire un public aussi nombreux. Ce kaléidoscope de rencontres avec les dragons et les supers-héros, le guide du voyageur galactique, le seigneur des anneaux, Star Wars, Star Trek, les Zombies, l’informatique, les jeux de rôles, se répand ici et là avec une vitesse foudroyante. Ethymologiquement,  le mot Geek remonte au XIIème siècle qui désigne en gros le fou du village. Il s’est imposé dans le système scolaire aux Etats- Unis, pour désigner des passionnés monomaniaques, il a évolué en parallèle avec le «  nerd » qui désigne l’intello pas sportif pour un sou qui préfère se concentrer sur les maths et l’informatique. L’action fait action, et donne un sens à tout le reste. L’éthique féodale de ce fou du village prend forme après une si joyeuse acceptation inattendue des premiers informaticiens et la passion pour les univers de fantasy et de science-fiction.

  La force des médias, l’émergence institutionnelle, la vitesse de transmission dans notre perception commune est telle qu’en parle David Peyron.

   La première bande annonce d’un jeu vidéo attendu, comme GTA IV le 29 mars 2007 eut un impact sur le monde, suivi d’une série télévisée à base de grandes épées et de dragons devient en 2011 un phénomène populaire.

 

 Le public en raffole. Ils ont fini par revendiquer le terme péjoratif qu’on leur avait attribué : GEEK. Longtemps moquée cette contre-culture née dans les années 60, en partie issue de la contre-culture hippie, se basait sur l’utopie de changer le monde par l’imaginaire  et la technologie et sur l’idée du village global. Le  Geek réactive ses souvenirs en les redéployant comme un projet neuf et exemplaire dans l’histoire toute entière qui se révèle œuvre de liberté.

 

 

Aujourd’hui, Internet a radicalement changé la signification du mot « geek ». Etant un média de communication et de partage, internet a ouvert l’univers autrefois fermé des « geek » au reste du monde, il l’a popularisé mais il l’a aussi étendu. Une personne était dite « geek » si elle était calée sur les sujets que j’ai cité, mais si cette personne se met à partager tout ce qu’elle aime et tout ce qu’elle connait de ces sujets sur la toile, alors les autres personnes avec qui elle les partage seront tout aussi calées là-dessus ou du moins, montreront des signes d’intérêts pour ces sujets ; puis elles mêmes partageront leur passion avec d’autres personnes si bien que toutes finiront par former une véritable communauté. Etre geek n’est donc plus réservé à un type de personne en particulier, ce sont les gens eux-mêmes qui s’auto proclament « geek » pour se sentir appartenir à cette grande communauté. C’est devenu une forme d’intégration, surtout chez les jeunes. On se souvient de l’interview de Francois Fillon en 2009 au magazine SVM, ou il se définit comme un « vrai geek » parce qu’il utilise un iPhone 3G et un iPod nano.

La culture geek désigne donc une large forme de sujets populaires et culturels contemporains dans le milieu du cinéma (les films marvel par exemple, ou la saga star wars), dans le milieu des séries télé (game of throne ou encore the walking dead), dans le milieu des jeux-vidéo (world of warcraft, final fantasy, tomb raider, the witcher, assassin’s creed, the legend of zelda pour ne citer qu’eux), le milieu des manga (les classiques comme dragon ball, ou les plus récents comme l’attaque des titans), ou encore les chroniques d’internautes (Norman, Cyprien, Antoine Daniel ou le Joueur du Grenier).

Elle désigne également les technologies hi-tech (les smartphones ou les dernières inventions technologiques en date comme les périphériques informatiques de réalité virtuelle), un des points négatifs donc, qui poussent certaines personnes à acheter de façon excessive pour toujours être à la page.

Si vous tenez à rester informé de ce qu’on appelle « l’actualité geek », vous pouvez régulièrement vous rendre sur le site internet « Hitek ».

 

L’autre composante ce sont ces illusoires rêveries telles qu’elles sont aujourd’hui. L’arrivée d’un monde imaginaire nous a brutalement arrachés au passé, un nouvel axe structurant la vie culturelle au-delà du traditionnel. Chacune de ses options définit sa politique. Si la réalité interroge, l’illusion progresse, les deux facteurs se côtoient, et souvent se confondent  même à mesure que le jeu de dupe s’étend dans des proportions imprévues (la réalité augmentée et la réalité virtuelle en sont annonciatrices), du côté de l’illusionniste, tout va bien. Aux yeux vagues des naïfs conquis, ils proclament monts et merveilles, auxquels ne sont jamais leurs voisins, ni les nôtres.  Ce qui retient l’attention ce sont les critères qui s’y dessinent et s’y emmêlent. Terme réflexe, terme avancé, il est employé à tout bout champ à définir tant bien que mal la « tendance. »

 La « tendance » est une locomotive, un effet de l’offre et de la demande. Parmi les wagons qui se rattachent à cette locomotive, on compte les bureaux de marketing, les agences de communication ou de sondage, les bureaux de style, etc. On peut y adhérer ou les rejeter. Comme si l’imaginaire pouvait embrasser et résoudre toutes les difficultés. Car le débat peut quelquefois se révéler opportuniste. Un  simple jeu de circonstances, sachons, s’il faut y croire.

 

Faire le  jeu dans ce qu’il y a de plus rigoureux

A l’égard de tout ce qui est, et de ce qui se fait,

Les choses avancent masquées : la politique

Le langage, la vie érotique, comme un jeu.

Que ce soit en termes d’idée ou de matière,

De tout et de rien ; mais, comme un jeu

Un jeu qui ne prend pas des noms particuliers

Dont chacune des spécialisations ;

Chacune des particularités de cette appellation

Se rattrape en jouant les Cassandre.

 

Un jeu est toujours exposé à devenir

Un mot d’ordre absolu

Voué à prendre un chemin qui s’égare

Pour reprendre l’expression de Buchner

Dans  La Mort de Danton, cité par Chérif Khaznadar,

Il  compare les hommes à

Des marionnettes mues par des ficelles

Dont on ne voit pas les mains qui les manipulent.

 

A travers ce jeu généralisé,

Les idées parfois sont tordues,

A l’image de l’ambivalence des mots

Que l’on s’envoie à la figure.

Le concept remplace le qualificatif

Avec l’effet d’une métaphore

Qui éloigne tous les remparts de l’argumentation

Faisant preuve d’hostilité à l’encontre d’autrui.

La société et l’individu s’entretuent

Au prix d’un jeu invisible des classes

Pour s’adapter aux enchantements maléfiques

De toutes ces manifestations.

 

Le poids de l’argent est considérable, qui fait que l’on croit à l’incroyable. Notre fonction est de l’ignorer, de ne rien voir ni comprendre, bons à tout, bons à rien. Ceux parmi nous qui voient, ils en deviennent un peu bizarres. Poète mystique ou rien-du-tout hanté par le spectre, il est dicté, non par une réflexion mais par des réflexes. L’accélération du rythme est telle que les médias ont assimilé la nouvelle vision du réel, tel qu’il résulte de la transformation de l’esprit. La merveilleuse floraison de ce qu’on appelle la télévision est l’un des fondements de l’élaboration de cette métamorphose.

 

On passe par un monde fantasmatique pour concrétiser le rêve d’une vie différente, métamorphosée en une créature magique qui domine les romans- photos et qui sont à la base des illustrations pour les enfants, les jeunes et les adultes afin d’offrir une compensation à leur situation sociale. Donc, les principes fondamentaux de la vie se transforment à l’image inverse du réel.

 

On se souvient du mythe de la caverne de Platon.

Des personnes vivaient à l’intérieur d’une caverne et leur réalité se bornait à voir passer les ombres qui se reflétaient contre les murs de celle-ci.

Et chacun de se congratuler de voir ce qu’il avait vu et de l’interprétation qu’il en avait faite.

Un jour, l’un d’entre eux décide de sortir de cette caverne.

Au début, sa vision est toute brouillée en raison de l’illumination de ses yeux éblouis par la lumière du jour.

Puis, petit à petit, il commence à s’habituer et voit des formes qui se précisent pour finir par apparaître telles qu’elles sont en réalité. Et alors, il réalise que ce qu’il voyait dans la caverne n’était autre que l’ombre de la réalité.

Une fois aguerri et informé de la vie dans le «  vrai monde » il décide de retourner dans la caverne pour informer ses anciens compagnons qui sont médusés d’apprendre que ce qu’ils ont toujours pris pour la réalité et qui a régi leur vie jusqu’ici ne serait qu’une pâle copie du réel.

Ils se mettent en colère et veulent en découdre avec celui par lequel la funeste information leur est parvenue.

Toutes ces explications valent ce qu’elles valent. Mais la réalité quotidienne est toujours plus complexe que l’éclat aveuglant des projecteurs. Ce qui revient à entendre cette citation de J. Baudrillard, donnant à comprendre son point de vue : « L’objet d’art, nouveau fétiche triomphant, doit travailler à déconstruire lui-même son aura traditionnelle, son autorité, et sa puissance d’illusion pour resplendir dans l’obscénité pure de la marchandise ».

 

 

 

 

 

 

[1] « Le monde comme volonté et comme représentation » 1830 – Arthur Schopenhauer

© 2015 Fritzner Casseus

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