Fritzner Casseus
UN POINT DE VUE SUR L’ART ET L’HISTOIRE
Pour reprendre la formulation du poète BEAUMARCHAIS « tout ce qui ne mérite pas d’être dit, on doit le chanter ».
Chanter : c’est cette main amie qui essuie vos larmes
C’est ce sourire qui vous rassure
Au fond de la mélancolie
C’est cette voix douce qui fait croire
Aux beautés de la vie.
C’est ce qui nous apprend à vivre à travers
Les événements au cours desquels l’homme s’interroge de certitudes et de doutes.
Il propose un art nouveau qui émerge parfois au-delà du plaisir et permet de partager un moment de réflexion.
L’art, c’est ce sourire esquissé entre deux,
Cette photo qui vous parle
Dans la solitude.
C’est le vent qui défait
La chevelure des arbres.
L’art, c’est cette chaleur qui embrasse l’âme,
C’est cette chaleur qui dessèche,
C’est cette inconnue qu’on souhaiterait
Rencontrer un jour.
Le XXème siècle est marqué par toute une série de manifestations des arts permettant aux artistes de disciplines différentes de travailler ensemble.
Cette thématique est développée par un certain nombre d’écrivains, de peintres, de philosophes, de musiciens. Une mine très riche à exploiter. Comment interpréter ces univers parfois ludiques ?
A titre d’exemple, la toile peinte par Chagall en 1981 intitulée « Le village en fête »[1] a fait l’objet d’une transposition poétique par Aragon[2] et a été adaptée musicalement par Jean Ferrat sous le titre « Chagall ».
Extrait du poème :
« Tous les animaux et les candélabres
Le violon-coq et le bouc-bouquet
Sont du mariage
L’ange à la fenêtre où sèche le linge
Derrière la vitre installe un pays
Dans le paysage
Mon peintre amer odeur d’amandes »
Extrait du poème d’Aragon « les oiseaux déguisés » sur une adaptation musicale de Jean Ferrat :
Il s’agit d’un oiseau dans le sens où l’indiquent les mythes grecs sur les origines de la peinture.
« Le peintre assis devant sa toile
A-t-il jamais peint ce qu’il voit
Ce qu’il voit sont histoire voile
Et ses ténèbres sont étoiles
Comme chanter change la voix
Ses secrets partout qu’il expose
Ce sont des oiseaux déguisés
Son regard embellit les choses
Et les gens prennent pour des roses
La douleur dont il est brisé ».
Jean Ferrat se présente essentiellement comme le chantre de la liberté. Ses chansons sont à leur manière, le journal du XXème siècle. Les nombreux hommages rendus par ses chansons (plus d’une douzaine de titres), sont exclusivement consacrés à un personnage et sont le plus souvent dédiés aux combattants, en allant de révolte nihiliste contre l’absurdité de ce monde fâcheux, en asservissant des peuples colonisés et en dictature sanglante. Ferrat raconte le combat et parfois le supplice de poètes ou d’artistes. Il propose consciemment Louis Aragon comme auteur de référence de toute sa démarche esthétique. De 1961 à 1994, Aragon est donc l’auteur le plus visité par Jean Ferrat. Ces textes, extraits de différents recueils du poète, sont soigneusement choisis par Ferrat.
En janvier 1961 est paru chez Barclay le disque des poèmes d’Aragon par Léo Ferré ; textes choisis à l’intérieur d’un seul recueil : « Le crève-cœur ».
Entré en correspondance avec André Breton dès 1923, Marko Ristic[3] a publié son premier poème en français dans la « Révolution surréaliste » n°5 en 1925, après avoir fait paraître ses traductions de poèmes d’Aragon et de Breton en Serbo-croate à Belgrade.
Dès 1924, Ristic séjourna à plusieurs reprises à Paris et collabora avec le groupe surréaliste. Après la révolution surréaliste, on retrouve ses poèmes dans les revues « Le surréalisme au service de la révolution » et le « Minotaure ». Tout au long de sa vie, Ristic écrivit occasionnellement en français. Un recueil « clandestin » de texture surréaliste est conservé dans ses archives à Belgrade.
Le Miroir d’Aragon par Marko Ristic
« L’aspect séculier du sacré
Dans sa moire noire
S’avère spectral et blasphématoire
Sacré nom de Dieu de nom de Dieu.
Prononce ô
Nonce apostolique de l’enfer
Tous les jours du monde
De l’immonde
Mais je t’en con-jure
Ne murmure pas le mot STRUCTURE
N’évoque pas ce truc en stuc
De cette époque structuraliste
Ce mot clé qui n’est pas la clef des champs
Magnétiques. »
Ces manifestations artistiques témoignent des idées très différentes les unes des autres. Elles portent en elles les valeurs philosophiques et d’action nourries de leur esprit commun. La richesse offerte mène à de nouveaux horizons esthétiques à partir desquels ils se font l’écho de la vitalité de la création. Ces signaux historiques sont la lumière qui m’a fait naître lorsque j’ai eu l’idée de rendre hommage à Yves Médard dit Rassoul Labuchin, l’un des cinéastes haïtiens reconnu par ses pairs et que l’histoire a retenu. Il a travaillé pendant la période confuse des années Duvalier.
Rassoul Labuchin est resté et restera toujours l’homme d’action et l’auteur. Sa décision militante est son espérance et sa certitude de vivre est bien l’image qu’il a laissée en mémoire pendant des années d’exil en France en participant à l’association France-Haïti et Solidarité dont Max Bourgeolie est le président fondateur. Sans oublier Etzer Charles peintre également, notre volonté commune était de démontrer la possibilité de militer pour une cause exaltante, d’affirmer une personnalité de groupe. On se découvre sans se connaître. Chacun communique avec chacun. Cet hommage quelque peu disparate retint l’un de mes poèmes mis en musique pendant la belle saison. Il répondait au désir de retour en Haïti de Rassoul.
Hommage à Rassoul Labuchin
Refrain
Bon retour, bon voyage
Ecris-nous des poèmes
Fais-nous des films célèbres
Ouvre les yeux de tes élèves
Très grands sur le réel
Tu as le don d’aimer
Et c’est là ton génie.
Que le ciel soit serein
Etoilé et sans nuage
Rassoul prendra l’avion
Pour rentrer au bercail.
En Haïti déjà
J’étais à Jérémie
J’entendais très souvent
Le nom de notre poète.
Je brûlais de connaître
Cet homme aux vers puissants
Qui dit tout ce qu’il pense
En toute liberté.
C’est dans ma ville natale
Pour la première fois
Que j’ai vu ce « garçon »
Briller comme une étoile.
On venait d’assister
A son film « Anita »
Qui dénonce l’injustice
Et les impérialistes.
Rassoul il répondait
A nos mille questions
Ses paroles coulaient
Comme l’eau de la Gosseline.
C’est comme s’il nous chantait
Un hymne de liberté
Et de fraternité
Pour notre peuple enchaîné.
On se disait tout bas
Qu’on l’emprisonnera
Pour ces belles paroles
Pleines de vérité.
Il a connu l’exil
Au Mexique et en France
Des persécutions
Et souvent la prison.
Mais c’est ici, en France
Que je l’ai rencontré
Une nouvelle fois
Après sa dure prison.
Amical et joyeux
Il nous parle de futur
Avec une telle passion
Qui nous enflamme le cœur.
Avec tous ses copains
Il est toujours bon zigue
Il aime partager
Se donner tout entier.
Les discours tenus sur l’histoire de l’art sont d’autant plus variés et complexes que le domaine est actuellement en pleine évolution et prend toujours pour objet d’étude des œuvres concrètes.
Le premier stade de l’interprétation en histoire de l’art est la description et l’identification du sujet des œuvres. Cette opération se fait en complétude avec le titre de l’œuvre.
Max Ernst, auteur de l’œuvre picturale intitulée « Après moi le sommeil » écrit que toute lecture d’une œuvre est interprétation ; interprétation de la peinture abstraite ou surréaliste…
André Chastel [4]estime que « quand on passe du littéraire au plastique, du verbal - musical à l’étendue […] le signifiant est présent avant le signifié ».
L’histoire de l’art, telle qu’elle est enseignée, s’attache pour certains, à l’étude de l’évolution des goûts de l’esthétique, de la beauté des œuvres ou aux descriptions de faits. Mais au fond, elle résulte du travail des artistes tiré des événements, des activités sociales ou du déroulement de la vie de l’humanité. L’art émerge toujours à un moment où la révolte semble être une exigence chez l’homme par le refus d’accepter ce qu’on lui propose comme inéluctable.
Depuis longtemps, depuis toujours, l’homme par son enseignement, est habité par la révolte de Prométhée et d’Antigone, par l’amour de Bérénice ou de Saint Jean de la croix, par l’esclavage de l’homme par l’homme.
Le père de la sociologie de l’art en France, Pierre Francastel a dégagé ce caractère fondamental de l’œuvre d’art avec un grand lyrisme : « il n’y pas d’art sans création de systèmes matériels qui sont la figure d’action réalisées ou ébauchées dans l’imaginaire comme génératrices de connaissance et comme figures virtuelles de l’action » cité par Roger Garaudy dans son livre « Esthétique et invention du futur » (p 39).
L’art est entré dans un marché économique puissant et soumis encore à une autre puissance qui est la science.
« Savoir ce que l’on fait quand on fait de la science (ce qui est une définition simple de l’épistémologie) cela suppose de savoir comment ont été faits historiquement les problèmes, les outils, les méthodes, les concepts quels qu’ils soient (…) ». [5]
En tant que science, l’histoire de l’art avait atteint un nouveau stade ; les styles désormais pouvaient être interprétés en ayant recours à une analyse interne des formes et des modes de composition.
En plus de l’enrichissement scientifique auquel contribuèrent les recherches de l’histoire des styles pour le renouvellement d’ensemble de la vision artistique, on peut noter également que de nombreux ouvrages, souvent issus d’Allemagne ou d’Autriche ont également eu un retentissement important sur la pensée artistique en général, et sur la conception de l’art.
Citons quelques exemples significatifs.
Marx, dans ses manuscrits où est élaborée une esthétique générale de la praxis dont le contenu normatif de l’activité artistique constitue l’aune de toute critique du travail salarié. Le travail artistique est conçu comme le modèle du travail non aliéné, de l’activité concrète par laquelle le sujet s’accomplit dans la plénitude de sa liberté en extériorisant et en objectivant les forces qui font l’essence de son humanité. L’art traîne sa propre histoire. C’est l’histoire, ce sont des événements qui mettaient en évidence, le changement radical introduit par l’histoire de l’humanité. Les artistes ne font que l’ajouter à leurs pinceaux.
Ces singularités tiennent aux particularités respectives, comme un repère annonciateur d’un monde meilleur. Une activité créatrice qui constitue une balise, relevant ce qu’est l’essence même de l’humanité inventive, conquérante et civilisatrice.
Si l’art devait se mesurer au nombre de critiques qu’il suscite ce ne serait peut-être pas choisir auprès des artistes l’argument de vente le plus convainquant. Mais raison est donnée à la critique, constat auquel tous les artistes et le public se plient.
L’histoire de l’art est une discipline totalement distincte de l’esthétique et de l’histoire, même si elle touche à ces deux sciences sur son parcours. Elle s’est toujours entendue comme faisant partie du domaine des arts plastiques, de l’architecture, de la peinture, de la sculpture ou des arts décoratifs.
La difficulté que porte la notion plastique est sans précédent. Elle est liée aux succès qu’elle remporte actuellement dans différentes sciences humaines : sociologie, psychologie, sémiologie communication, interculturelle.
Mon ouvrage à sortir prochainement, intitulé « Le regard de l’autre à travers l’art et l’histoire » constitue une étude détaillée des modes d’emploi scientifique qui élargissent le champ de la recherche.
Sans entrer profondément dans les détails historiques, je tenterai une définition de l’histoire de l’Art à travers une brève description. C’est une science jeune, née au XVIème siècle en Italie et qui s’est forgée des outils méthodologiques entre le XVIIIème et le XXème siècle.
L’artiste Florentin Vasari en est le fondateur. Il fit paraître en 1550 les vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes. L’œuvre de Vasari est une histoire des artistes. L’évolution qu’il distingue dans les arts de Florence correspond à l’idéologie de son temps. La Renaissance des arts est due à Giotto, initiateur d’un mouvement de progrès continu des arts qui mène à la maturité artistique de Léonard de Vinci et de Michel-Ange. Mais la méthode de Vasari est déjà celle du chercheur. C’est la découverte des villes romaines d’Herculanum et de Pompéi qui rend possible au XVIIIème siècle l’apparition d’une histoire scientifique de l’art. L’ouverture des chantiers de fouilles met à jour un matériel nouveau sur l’Antiquité, et en particulier les objets de la vie quotidienne et les fresques murales. L’invention de l’archéologie est liée à l’exhumation de ces deux villes. Recenser les objets découverts en mettant au point des méthodes de classement devient une activité savante qui aboutit d’abord à des publications érudites. L’érudition se constitue, à ce moment là, comme un des champs de l’histoire de l’art. Le public manifeste de nouvelles exigences culturelles. Certains réclament que les collections royales soient rendues accessibles au public. Les musées s’ouvrent au moment où se constitue une véritable histoire de l’art.
La peinture et la littérature exaltent la beauté des ruines antiques que les premières découvertes de Pompéi et d’Herculanum ont mises à la mode. Hubert Robert fonde entièrement son esthétique sur l’étude de l’Antique et sur l’association de ces vestiges du passé aux scènes de genre qu’il peint. Avant que Prosper Mérimée n’entreprenne, le premier, l’inventaire des antiquités de France, Hubert Robert en donne de son côté quelques images conventionnelles.
Ce n’est qu’à la fin du XVIIIè siècle que se constitue un public pour l’art.
Quand un nombre croissant de savants, d’écrivains, d’érudits et d’artistes, exigent en son nom une libre jouissance des oeuvres. Il s’agit tantôt de galeries dynastiques aménagées au sein des palais comme les Offices à Florence qui deviennent un musée public vers 1870 ou encore, le musée du Belvédère à Vienne, le Capitole à Rome, le musée Pie Clémentine au Vatican. Un certain nombre de musées indépendants conçus à cette fin, tels que le Federicianum à Cassel, sans oublier le British muséum, l’un des premiers musées nationaux contemporains. Une véritable histoire du musée débute essentiellement en Italie jusqu’à la moitié du XVIIIè siècle, puis partout en Europe. A l’inverse de la tradition européenne, le musée français devient une création républicaine avec la Révolution de 1789 qui s’est attachée à lui conférer un statut exemplaire. Il hérite des dispositions prévues par d’Angiviller, le dernier directeur des bâtiments de la monarchie pour ouvrir le muséum du Louvre et en faire un instrument de règne malgré la rupture avec le secret des collections de l’Ancien Régime.
L’art a nourri avec passion des rêves de conquête. Rassembler des millions d’hommes et de femmes, et partager entre eux, des richesses léguées par le passé. Ces objets ont été tenus loin d’eux et ne leur étaient montrés que pour les frapper de respect et d’étonnement. Et depuis, l’art incarne au plus haut degré, un droit inaliénable. En mars 1794, la commission temporaire des arts présente au comité d’instruction publique une « instruction sur la manière d’inventorier et de conserver dans toute l’étendue de la République Française tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l’enseignement ».
Les références à l’art, et en particulier, à la peinture sont nombreuses dans les œuvres écrites. Chacune de ses fonctions se caractérise par une évolution quasi constante. Il faut donc, méthodologiquement, souligner avec une insistance particulière que la formation artistique en tant que formation autonome se définit de manière relative à toutes les autres formations professionnelles, toutes les autres sciences de l’homme (psychologie, sociologie, sémiologie, linguistique et économie).
Tous ces axes de questionnement en apparence sans relation, mais au fond, très proches, m’ont amené à me demander, (compte tenu des positions des théoriciens face aux propositions des plasticiens) ce que le public entend exactement par ces thèmes et quelle est la position qu’il prend à leur égard.
Pierre Francastel, le père de la sociologie de l’art en France, dont le mérite est très particulier, relate avec un grand lyrisme la relation de l’art avec la société. Son analyse porte sur la forme de la vie sociale qui caractérise une certaine plasticité dans plusieurs types de rapports sociaux. Francastel a démontré comment l’art fonctionne avec un langage plastique autonome. De même qu’il existe une pensée mathématique ou verbale, il existe également une pensée plastique qui a malheureusement été ignorée par les historiens ou les philosophes dès lors que ces derniers ont toujours privilégié les documents écrits.
La philosophie de Francastel est fondée sur deux piliers ; l’anthropologie et l’esthétique. L’insertion dans notre sujet, de l’histoire de l’art, de la sociologie, de la philosophie, peut tenter le lecteur à rechercher un découpage plus harmonieux, traitant séparément l’art, la religion et la société.
L’art, écrivait Francastel « est une des activités permanentes nécessaires et spécifiques de l’homme vivant en société. Il permet non seulement de noter et de communiquer des représentations acquises, mais d’en découvrir de nouvelles. Il n’est pas langage mais système de signification ».
La formation esthétique de l’homme est une nécessité dans sa structure même, mais elle ne peut se faire uniquement à l’école et a également lieu par des échanges entre individus et entre peuples à l’échelle du monde.
Jean-Marie Domenach, a demandé à propos du musée imaginaire de Malraux : « que tirer de cet immense rassemblement d’objets, d’images et de sons, si on manque de la force d’interpréter les signes et de combattre pour la survie ».
Pour Jean-Luc Chalumeau, « Lire l’art, ce n’est pas seulement déchiffrer grâce à des grilles théoriques, les signes offerts par les œuvres. Tout déchiffrement ne peut être que partiel parce qu’en aucun cas l’œuvre d’art n’est entièrement réductible à un message chiffré.
Pour finir, il ajoute « c’est donc le comprendre, ce qui exige une adhésion plus profonde ; celle-là même que l’on nomme émotion.
L’artiste serait ainsi peut être d’abord celui qui creuse des apparences aussi loin qu’il peut pour arracher à l’inconnu des bribes d’un monde qui n’appartient qu’à lui et qui cependant questionne l’universalité des hommes ».
Pour ma part, l’art dont on témoigne révèle les significations de la réalité du quotidien, son sens le plus englobant éclaire le questionnement esthétique d’une période ordonnée par la vie, partant des sociologies par nature différentes, ayant chacune une idéologie propre selon l’espace, le niveau et la qualité des cultures et des civilisations. Une œuvre d’art a une valeur en elle-même, comme une partition musicale ou une poésie. C’est une source qui jaillit en l’artiste. C’est un questionnement esthétique d’une période qui se double chez le créateur d’une réflexion sous la forme d’une invention et d’une création ; l’une liée à l’autre. Dotée de ces dimensions existentielles qui favorisent une forme de pensée, d’idée et de caractère pictural. Sa marche évolutive, qui exige des études, des recherches, constitue une école, créant progressivement des mouvements qui se croisent et qui n’ont pas toujours choisi de vivre une existence commune.
Ces mouvements artistiques se croisent presque toujours, ils ont surgi en différents contextes et espaces temporaux. En termes de méthode et de forme, ils s’influencent les uns aux autres. Dès qu’on évoque la peinture hollandaise, les noms se pressent en nombre : Rembrandt, bien sûr, Vermeer, Peter de Hooch, Frans Hals, Ruysdael, Van Goyen, mais tout cela se passait au XVIIème siècle.
Et puis l’on pense à la peinture moderne et deux noms viennent immédiatement à l’esprit : Van Gogh et ses quiétudes colorées et Mondrian avec ses carrés sobres.
Dans les années soixante, l’école de la Haye est revenue au devant de la scène picturale. Des expositions ont alors eu lieu, des études ont paru (en particulier celles de Jos de Gruyter). Des liens sont alors apparus entre ces peintres du XIXème siècle à peu près inconnus hors de leur pays et ceux mondialement célèbres, tels Van Gogh et Mondrian.
En 1980 à Amsterdam, une exposition mettait en lumière les rapports de Van Gogh avec ses aînés. Depuis lors, le Louvre a replacé le peintre jusqu’alors dans l’école française, parmi les peintres de l’école hollandaise. Et c’est à peu près au même moment que des expositions rapprochant les débuts de Mondrian et l’école de la Haye ont été montrés aux Pays-Bas puis en Angleterre, en France, en Italie et dans bien d’autres pays.
En France, les mouvements artistiques se croisent d’une ville à l’autre. Qu’ils viennent d’un pays ou d’un autre. Assurément l’ambiance est picturale et générale.
La ville de Nice par exemple ; centre historique de créativité par ses goûts et par ses motifs d’inspiration est aussi un plat pays, une station de villégiature. Puis la Côte d’Azur où la terre et la mer s’unissent sans discontinuité. Les marais mouillés courent le long du littoral et des îles annelées, des bandes de terre délimitent les parcs à huîtres et les marais salants. L’éclosion est totale dans ces deux lieux particuliers qui donnent le besoin de faire correspondre les artistes et leur art. Ces deux centres de créativité artistique ont fait surgir des courants au fil du temps (Henri Matisse, Claude Monet, Marc Chagall, Paul Cézanne, Paul Gauguin, Pablo Picasso y ont vécu et peint).
L’ESPRIT DE 1492
L’esprit de 1492, celui des rois catholiques qui fait de l’expulsion des peuples le plein achèvement de la Reconquista a produit des îlots de culture et de philosophie, d’art et de connaissance.
Tout ceci constitue un ensemble d’éléments dont la combinaison et la synthèse au fil des siècles de l’histoire commune des hommes est telle qu’elle fait ressortir la marque originale de ces derniers et les distinguent des autres.
Caractériser un art, c’est en effet le déterminer en fonction des ses éléments observables. Il s’agit, en d’autres termes, d’identifier et de décrire les détails qui devront permettre à autrui de reconnaître exactement ou approximativement les objets réalisés par un artiste.
Chaque groupe humain, quelles que soient ses origines, dès lors qu’il constitue un peuple, élabore un art qui lui est propre et qui apporte une contribution originale au patrimoine artistique mondial.
Il y a lieu, dans ces conditions, d’établir des parallèles avec d’autres styles d’art. Les historiens de l’art se livrent d’ordinaire à ce genre de travail comparatif, spéculatif, indiquant ce qui rapproche un style d’art d’un autre ou l’en éloigne.
Si l’art est l’expression directe de la religion, comme on l’a si souvent répété, il est aussi destiné à favoriser l’émergence de l’enseignement vraiment éducateur qui est, à nos yeux, le principal. Il se compose du langage, des notions d’histoire naturelle et des œuvres.
La source du culte réside dans les icônes (images pieuses peintes) depuis l’époque byzantine de l’immense empire médiéval dont la capitale était la nouvelle Rome ; Constantinople. A partir du IVème siècle toute l’Europe a été christianisée au nom de la volonté politique et religieuse de Byzance. La domination byzantine a recouvert en Asie mineure, tout un pan de civilisations du Bronze et du Fer. Les techniques et le répertoire décoratif de ces peuples sont passés directement à l’actif des ateliers de l’artisanat byzantin.
Tous ces pays envahis sont peuplés d’hommes au fond desquels est demeuré une histoire sainte profondément enracinée dans leurs âmes.
Avec les invasions, les bouleversements et les drames qu’elle occasionne, partisans et adversaires du culte des images, non seulement favorisèrent le fondement dogmatique des images dans le rituel religieux, mais permirent aussi de formuler l’esthétique de ce qu’il est convenu d’appeler le style byzantin.
Dans la foulée de cette complexité chaque peuple réagit de manière différente selon le tempérament propre de chacun et de sa croyance.
Si l’esthétique reflète toujours une croyance qui procède d’une attitude spirituelle qu’elle propage à son tour, on peut comprendre pourquoi la tradition byzantine fut sauvegardée dans la peinture religieuse dans le monde, y compris chez les slaves orientaux dont chaque peuple possède ces cadres chronologiques.
L’exemple est révélateur dans l’art haïtien, une peinture dite « naïve » et « brute » d’un côté et « descriptive », « visionnaire » de l’autre.
Cet art est concerné par l’environnement, les conditions élémentaires de la vie, la relation avec la société qui est en train de se faire avec tout ce qu’elle a de mystérieux, de divin, de naturel et d’humain qui est dessiné en pointillés par les faits de l’histoire.
C’est ainsi qu’est apparu Jean-Baptiste Bottex, un peintre bien connu dans la maison haïtienne.
L’histoire biblique a eu un impact considérable sur ses idées picturales. On peut déceler dans ses deux tableaux intitulés « Suzanne et les vieillards » et « le baptême » des échos des idéaux esthétiques, si l’on s’interroge sur le sens plastique et esthétique dans la réalité byzantine ou sur l’art gothique, leur influence est particulièrement visible dans ses œuvres qui avaient pour thème le divin et qui représentent Adam et Eve ou la Vierge Dominicaine.
C’est un sentiment religieux lié à une forte croyance qui ne cesse d’alterner entre les œuvres de Bottex, Auguste et Gabriel Alix.
Mais la majorité des peintres rivés à un point commun n’atteignent pas tous l’expression picturale de leur foi sans que l’ombre d’Hector Hyppolite n’y ait sa part.
Hector Hyppolite était un idéaliste très dévoué parfois doutant de lui-même. Mais ce rêve qu’il fit tout jeune d’être fidèle à un idéal qu’il suivit très exactement, son respect et son amour pour la peinture le conduisirent, malgré une vie humble, à peindre pas moins de 250 toiles avant d’être emporté par une crise cardiaque en 1948. Sa conception technique réside dans le traitement « naïf » du sujet. Il cherchait surtout un idéal de la nature. Il s’attachait à la vision de son esprit.
Hector Hyppolite (1894-1948) est l’aîné de ces artistes haïtiens qui ne peignait jusque-là que sur des battants de porte ou sur un morceau de bois.
Vers 1950, ce mouvement artistique avait prospéré au point de se subdiviser en plusieurs écoles. La famille Obin (Philomé, Sénèque, Télémaque et Antoine), s’impose en chef de file de la prestigieuse école du Cap haïtien.
L’élément essentiel du caractère des peintres haïtiens est la diversité des sensibilités qui laissent entrevoir un certain nombre de possibilités.
L’autre élément est le côté fataliste qui les empêche de glisser leur technique de créateurs vers la virtuosité pure et de confondre le visible et l’invisible. Ils préfèreront toujours voir dans leur art ce que leur avait appris leur propre milieu alors même que la technique qu’ils acquièrent ensuite leur aurait permis de transcender leur situation.
Le sculpteur Mura Brière disait un jour : « je suis peut-être pauvre, je travaille nuit et jour, mais je suis libre et intelligent, ma vie est pleine d’espoir, je suis content de mon sort et de mon travail parce que j’ai de l’imagination et que je crée ».
Pierre Saint Brice affirme que son art, sa forme et sa couleur lui sont dictés en songe par les esprits les « loas ».
Préfète Duffaut devint peintre à la suite d’un vœu à Notre Dame de Lourdes…
Parler du travail ce n’est pas remettre en doute la foi et la croyance de quelqu’un. Telle est à mon sens l’idée directrice d’une interprétation artistique chez les peintres haïtiens. Il n’est pas question non plus de problème philosophique compliqué. Il s’agit de poser simplement la question suivante : dans quelle mesure cette interprétation artistique est-elle solidaire ou non d’une dialectique matérialiste ?
« Le travail et, avec lui et grâce à lui, la pensée ne se développent pas seulement dans les rapports entre l’individu et la nature physique, mais dans les rapports entre l’individu et la société dans la quelle il vit ».
En Haïti, que les artistes soient peintres, sculpteurs ou tapissiers, ils ont d’autres occupations. La culture des champs, la confection…
Jean-Baptiste Rosevelt était électricien, Enold Joseph, mon initiateur en peinture à l’huile, était imprimeur, Jacques Saint Surin était un grand peintre tout en étant professeur de sciences sociales au Lycée François Duvallier à Jérémie. Tous ces exemples nous paraissent répondre au besoin d’adapter ces arts aux idées directrices qui sont manifestement celles qui font l’histoire de l’humanité et notre histoire haïtienne. Tout cela n’est pas étranger à l’intelligentsia haïtienne malgré qu’elle soit dépourvue de la distance critique vis-à-vis de l’individu qui se détache de la nature physique par le rite magique et le mythe et qui se détourne du réel en prenant le visible pour l’invisible donnant ainsi libre cours aux critiques des ethnologues et à tous ceux qui enferment les matériaux de notre histoire dans un étau fataliste invraisemblable pour les détruire davantage.
Car nous nous disons indépendants qu’en répétant sous d’autres formes, de façon saugrenue et insensée les idées d’obscurantisme que les autres ont véhiculé sur notre façon de raisonner. De ce fait, toutes ces fatalités sont devant nos yeux et ce n’est évidemment pas le verbiage que les travailleurs attendaient pour distraire leur misère ou l’opportunité qui fait d’ordinaire de tels hommes des héros nationaux ou paternalistes alors qu’on sait très bien qu’avec toutes ces fatalités, on ne fera jamais sortir le pays de son sous-développement.
Si l’art haïtien est profondément encré dans sa terre, dans son histoire, sa liberté et ses lointaines origines africaines, ma voix ne peut être une réaction ourdie contre celui-ci, mais une réflexion objective basée sur une pratique et une théorie sociale. On ne doit pas confondre dans ce penchant l’adaptation positive de l’art dans un environnement donné. C’est au nom de cette réalité objective que mon art a pris naissance.
C’est dans ce courant
Que mon art s’est inscrit
Interpellant à la mémoire
Notre histoire et l’Histoire
Réécrite avec la Renaissance
C’est à dire la naissance
Du capitalisme
Et du colonialisme.
Une croix pour bannière
Pour masquer aux nègres la lumière.
Dans l’espace et le temps
Cette croix est devenue glaive.
Le cauchemar est de plus en plus pénible.
Et aujourd’hui,
Il faut plus qu’une bible
Pour sortir l’homme Noir de sa géhenne.
Haïti où je suis né est née de la traite
Dotée du pouvoir d’un prêtre
Sous les ordres d’un empereur.
L’Afrique sert de réservoir.
Les déportés sont sans espoir.
Ce sont les fils du malheur.
Les travailleurs sont sans salaire
Ils ont le Christ pour tout repère ;
Cette croix de bannière
Devenue masque de lumière.
Ne s’arrête pas de fabriquer des recettes
Pour les ribambelles de l’histoire.
C’est de ces ribambelles qui plus est
Que notre apparition s’est faite.
L’apparition vient toujours d’une illumination
Mais laquelle ?
On se rend compte
De la galère dans laquelle
Cette histoire nous a fourrés.
Et la glace n’a pas encore fondu
Entre la Renaissance et notre existence.
Si la Renaissance et sa croix
Ont apporté la lumière
A certains peuples du monde
Quant à nous ; aucun résultat.
Simplement consommateurs
Et encore, si l’avenir n’appartient
Qu’à ceux qui sont capables de consommer,
C’est que l’expérience du créateur est absolue.
Celle qui nous fait, nous haïtiens
Prendre conscience de nos limites
Celle qui nous pousse encore
A nous battre pour la renaissance
De notre naissance
Dans cette Renaissance.
Cette bataille, cette lutte doit aller à la rencontre du reste du monde, non pas comme un élément antagoniste, mais au contraire, avec une entière et ardente volonté de coopération, un souci conscient et constant d’apporter au monde une contribution dont celui-ci ne saurait se priver sans compromettre ses chances et sa raison d’être.
Chaque culture a son histoire particulière. Parfois, il faut passer très loin pour voir et comprendre ce qui est à côté.
Le début de ce qu’on pourrait appeler Haïti contemporaine remonte à Christophe Colomb. A l’époque, Léonard de Vinci venait de construire la première horloge du monde, et Botticelli, d’illustrer la Divine comédie de Dante. Les Arabes étaient chassés de l’Espagne. Henri VII d’Angleterre venait de naître et Luther avait 10 ans.
L’Occident, à travers les terres et les mers s’attribue l’entière paternité de ce vaste mouvement de rénovation intellectuelle qui manifeste la rupture des esprits, des mœurs et des idées du Moyen-Age au XVIè siècle. Ce courant est apparu en Italie, puis a gagné la France et s’est répandu dans toute l’Europe occidentale.
Ces expéditions sont avides en Amérique, en Asie, sur tous les continents de la planète.
Une époque historique est en train de mourir ; celle qui fut dominée par une autorité extérieure de nature religieuse n’est plus l’autorité du passé qui doit orienter la vie des hommes, mais leur projet d’avenir. C’est à ce moment là qu’est né l’avènement de l’homme dans un univers jusqu’alors soumis à Dieu. Ce courant de pensée a été baptisé du nom « d’Humanisme ».
Une autre histoire qui est en train de naître, donne naissance au besoin de se fier à l’humain à cette volonté de ne croire qu’à ce qui est humain.
Pour reprendre la maxime de Hegel selon laquelle l’histoire avance en effet, mais elle commence à le faire par sa négativité. C'est-à-dire, par ses mauvais côtés.
C’est à ce moment que le cycle de la privation de ce que devait être l’humanisme a commencé.
Ce cycle a commencé à la Renaissance par la logique de son développement par la domination d’un seul.
Comme il advint de tous les marchands triomphants de l’époque à l’honneur de tous les langages plastiques, musicaux et littéraires ; les marchands de Bruges, de Lyon, de Rouen, de Gênes.
A tous les degrés de la société politique, artistique ou spirituelle, triomphe le goût du luxe. La vie matérielle des papes s’épanouit des joies de l’azur et des horizons libres. L’objectif est de peupler l’univers mieux connu de richesses et de merveilles. La vaisselle d’or contenait toutes sortes d’ustensiles ; plateaux, tasses. L’artiste qui ne représentait pas ce qu’il voyait mais ce qu’il connaissait par la religion bâtit désormais pour l’homme. Aspiré par ce goût du luxe, il se dégage des symboles ; les modèles que les artistes reprennent à leur compte pour ne plus se fondre dans l’anonyme choeur de ceux qui chantent louange à Dieu.
Artistes et intellectuels cherchent la gloire et entendent briller par leur talent. Les marques de cette satisfaction de soi et cette assurance dans l’avenir se lisent dans toutes les dimensions sans oublier que le tournoi s’y fait une place de choix. A la cour du duc d’Orléans, François Villon qui joutait verbalement avec le prince dit : « je meurs de soif auprès de la fontaine ».
L’histoire est souvent complexe en apparence et nous permet de comprendre en réalité l’enchaînement à l’aune de nos problèmes. Le concept du « gentil » et du « méchant », c'est-à-dire le Bien et le Mal est une expression biblique exaltante et terrible qui nous renvoie tous à notre difficile autonomie qui s’applique au destin du plus grand nombre.
En 1985, lors du voyage du Pape Jean-Paul II au Pérou, les indiens des Andes lui remirent cette lettre : « nous, indiens des Andes de l’Amérique, nous voulons profiter de la visite de Jean-Paul II pour lui rendre sa Bible, car en cinq siècles, elle ne nous a procuré ni amour, ni paix, ni justice….remettez-là à nos oppresseurs, car ils ont davantage besoin de ces principes moraux que nous-mêmes.
Comme toujours, les nécessités historiques se fraient un chemin à travers les mouvements qui se croisent et donnent naissance à une société. C’est ainsi qu’une identité se crée. C’est un parcours que tout le monde emprunte. Et c’est une tâche à réaliser. Elle oriente toute notre histoire. Elle touche à ce qui est en nous de plus secret comme dit Fernand Braudel[6] en parlant de la France : « l’identité, à chaque instant se retourne vers l’histoire et vers son passé pour avoir des renseignements sur elle-même. Renseignements qu’elle accepte ou qu’elle n’accepte pas, qu’elle transforme » « …».
Le chemin dont elle dessine les frontières, c’est sur cette voie que l’on choisit de faire connaître les choses les plus importantes de la vie.
Et, à partir de là, que l’on soit investi par une lueur d’initiative, même ceux qui n’ont jamais vu le monde qu’à travers leurs idées préconçues, se sentent responsables du destin de tous les autres. Cette lueur infiniment douteuse comme disait Vladimir Jankelevitch : « est la lumière clignotante de l’entrevision dans laquelle le méconnu soudainement se reconnaît ». A partir de la nébuleuse de 1492, c’est tellement clair que le plus fort pourrait rédiger à l’avance sans se tromper, le communiqué d’histoire du plus faible. Après toutes ces lueurs exaltantes et parfois douloureuses, il n’est pas facile d’en comprendre le sens.
Communément appelés historiens, ils restituent un hautbois
Hellénisé dont l’essence de son histoire est indéfinissable
A la complexité qui vient non pas du « faire » mais du « être »,
Résonnez musettes, sonnez Hautbois, ces carillons tintent.
Le cerveau du nouveau monde de la mémoire des hommes est
En plein déploiement de la Renaissance aux noces des cultures.
Nous sommes éclairés d’une lumière dont nous n’avons guère le choix
Et qui relève d’un sentiment d’exil pour l’un,
Raison et excellence pour l’autre. Qui croire ? Qui ne pas croire ?
Il échappe à la volonté qui exclut toute velléité de reniement
Hé oui, il poursuit sa course, cette trajectoire évanescente si
On devine les confusions qu’elle sut faire naître dans une intégralité
Une jungle dite « liberté » où il résulte tant de violence,
Elle continuait comme un fleuve à irriguer la terre
Tour à tour s’élargissait conjointement à toutes les frontières.
CONCLUSION
L’histoire n’est pas simple, elle ne l’a jamais été. Un peuple qui rit est un peuple qui vit. L’histoire crée une nouvelle mentalité fondée sur l’identité de destin des peuples. Soit on est citoyen d’un pays anciennement colonisateur, soit on est citoyen d’un pays anciennement colonisé et l’on n’y peut rien. Tel est le monde d’aujourd’hui. Le travail des historiens consiste à établir les faits, à reconstituer le passé à analyser l’enchaînement des faits. A ce titre, il s’agit bien de l’histoire de tous. La démarche est scientifique, elle impose la rigueur, la patience, le respect des valeurs.
[1] Huile sur toile – 130.5x195 cm
[2] Louis Aragon - « Tous les animaux et les candélabres » in « Celui qui dit les choses sans rien dire »
[3] (Belgrade, 1902-1984)
[4] « Fables, formes, figures (Tome I )
[5] Pierre Bourdieu, 1976 « conditions sociales de la production sociologique » in « Le mal de voir »
[6] Fernand Braudel cité par le Quotidien « Le Monde » du 17 mars 2007 p 25