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Fritzner Casseus

 

Itinéraire

 

 

      Fritzner CASSEUS est né à Haïti où il était instituteur. Les Arts visuels ainsi que les mots le passionnent depuis son enfance. Il a quitté Haïti pour étudier et travailler à New York. Mais trois mois plus tard, il a déménagé à Paris où il a étudié les Arts plastiques, la philosophie et l’ethnométhodologie-anthropologie au sein de l’université Paris VIII.

 

     Ses divers voyages à travers l’Europe ont parachevé son expérience d’auteur-compositeur et contribué à son inspiration. A partir de 1990, il a consacré la moitié de son temps à l’écriture et à la peinture. Ses toiles ont été exposées en France et à l’étranger. Les quelques exemples d’œuvres rassemblées ici justifient d’une réflexion plastique. Il est notable que la plupart de ses œuvres (poèmes, peintures) qui figurent sur ce site sont sélectionnées en tant qu’œuvres issues de facto des cultures qu’il représente.

      Son engouement pictural et littéraire est une évidence magistrale derrière laquelle il y a l’histoire des hommes, ses racines, ses erreurs, et même parfois son avenir. Qui mieux que l’art et la littérature avec les rencontres successives peuvent témoigner de son petit bout de soi que sont un poème, une recette de cuisine ou une peinture sur l’éternelle mémoire qui atteint son plein épanouissement ? Vivre c’est agir profondément. Agir c’est le seul acte d’une vie qui vaille d’être dite. L’homme est plein de possibles où converge un ensemble de choses dont chacun est actif et créateur. Tout cela est contenu dans les saveurs de la France qui composent les détails de millions d’hommes débarqués à Paris, par leur travail, leur amour et leur pensée. Tout ce qu’ils pouvaient créer de beau pour retrouver le goût de leur terre natale.   

      Il en est un des représentants.

      A l’image de la muse qui inspire sa plume dans son itinéraire il écrit son apothéose.

 

Ma peau a toujours été de l’Afrique

Ma langue de la France

Je porte un nom romain

Un prénom allemand.

Ce choix n’a jamais été symbolique

Mais historique

Mélange sur le mélange

Dans le mélange.

L’hétérogénéité que constitue

Tous ces mélanges

Me sert de tremplin

Pour « grimper mon haïtien »

 

      Selon Régis Debray : « l’homme est un être historique et (…) l’histoire est là pour incarner un projet, un sens. » Les notions d’histoire sont particulièrement complexes. Elles apparaissent de plus en plus au carrefour de nombreuses disciplines telles que l’anthropologie, la psychologie, la linguistique, la sociologie

      La quête d’une histoire d’un peuple, l’effort pour trouver cette histoire et pour la définir, se présente à chaque moment historique sous des formes différentes. Cette interrogation se prête à des usages (et des usagers) multiples, à des finalités différentes, et par conséquent elle donne lieu à des réponses différentes. Elle est l’objet avant tout des récits mythiques, légendaires, romanesques et folkloriques très anciens, d’un discours d’un appareil conceptuel qui parle d’histoire et en accord avec les conclusions de certains historiens. L’histoire dans le langage par le langage : c’est celle-ci que nous pouvons saisir, mieux que la réalité elle-même à laquelle elle renvoie.

      Selon J. Le Goff « Ce n’est pas sans raison que l’œuvre d’Hérodote – « Historiai » -, au sens d’enquêtes en grec ancien, d’ou vient notre mot «  histoire »-, considérée par ailleurs comme le lointain annonciateur de l’anthropologie et du récit de voyage, se consacre à recueillir une sorte de mémoire universelle sur les Grecs et sur leurs relations avec les autres peuples »[1].

   

 

        

      L’histoire des liens entre les francophones et la France traverse toutes les histoires des cultures que les langues expriment. Elles puisent entre elles  pour s’abreuver à des sources incomparables, aux enrichissements que peuvent apporter à l’esprit. Elle contient aussi les émotions qui ont fait vibrer les peuples et les ont mis en mouvement, les courants de pensée et le sentiment religieux. Elle représente une réalité vécue et se définit par opposition à l’autre et aux autres et perpétue toutes sortes de souffrances, dans une confusion ou se côtoient indistinctement le meilleur et le pire.

 

      Cette dérive de l’histoire à travers sa violence aveugle, qu’elle soit militaire, politique, financière, ou sous toute autre forme d’injustice qui se répète  sans cesse à travers les siècles  s’exprime, et s’affirme encore de façon tantôt agressive, tantôt feutrée dans les relations extra-sociétales aussi bien ou mieux à l’intérieur d’une société. Notion qui dépasse le simple registre historiographique.

      Si l’homme est bien un être historique, son histoire est réécrite par les vainqueurs. Et l’histoire, tel le langage avec lequel elle se construit n’est étalonnée et située qu’en fonction de la seule ligne du vainqueur.

 

 

 

[1] « Histoire et Civilisations : une collection présentée par Jacques Le Goff

La Grèce Classique, National Geographic  Page 39-40 ».

© 2015 Fritzner Casseus

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